Un joyau de la Reconstruction au cœur de la Meurthe-et-Moselle
Au cœur du village d’Igney, l’église Saint-Martin est bien plus qu’un édifice religieux : elle raconte l’histoire d’un territoire, de ses épreuves et de sa résilience. Détruite par les bombardements alliés en septembre 1944, puis reconstruite à partir de la fin des années 1950, elle reste aujourd’hui un témoin exemplaire de l’architecture de la Reconstruction et de la mémoire collective locale.
L’église actuelle, inaugurée en 1961, a été conçue par l’architecte Jean-Roland Belin, originaire de Blâmont. Sa silhouette audacieuse illustre les nouvelles tendances architecturales de l’après-guerre : lignes épurées, formes ogivales inspirées du gothique, campanile (clocher-tour) de 27 mètres et utilisation de matériaux modernes comme le béton. L’intérieur surprend par sa lumière colorée et la simplicité élégante de ses volumes.
Une église marquée par l’histoire
L’histoire d’Igney et de son église est ancienne et mouvementée. Le village, établi sur un site occupé dès la Préhistoire, fut mentionné dès le XIIIᵉ siècle comme partie du comté de Blâmont. À travers les siècles, Igney a connu invasions, famines et destructions, notamment durant les guerres du XIXᵉ et du XXᵉ siècle.
L’église actuelle succède à plusieurs édifices : celle du XVIIIᵉ siècle avait été endommagée en 1914-1918 puis refusée au programme de reconstruction. Détruite à nouveau en 1944, elle fit place à une église provisoire en bois pendant une dizaine d’années, avant l’ouverture du chantier du bâtiment actuel.
L’église Saint-Martin est également le lieu de mémoire du lieutenant parachutiste canadien Maurice Rousseau, tombé le 17 septembre 1944 lors d’une mission de sabotage derrière les lignes allemandes. Sa famille fit don du chemin de croix en bois sculpté par le québécois Médard Bourgault, célèbre pour son art religieux et sa technique sans dessins préparatoires.